Contribution de Guillaume

Il est évident que le site actuel Neyrpic ne peut rester en l’état d’une friche industrielle. Cela fait trop longtemps qu’il est quasiment inexploité, alors que son emplacement est très prometteur et probablement facile à valoriser.

Pour autant, j’ai de sérieux doutes sur la viabilité du projet d’Apsys, et surtout je suis déçu par sa pauvreté conceptuelle au regard des possibilités beaucoup plus intéressantes qui ont été écartées.

Je suis martinérois depuis 1995, arrivé sur le campus en résidence universitaire au départ, pour mes études. Diplomé en mathématiques et informatiques, je n’ai pas quitté la ville depuis. Je suis gérant d’une petite société d’informatique, qui travaille beaucoup pour les universités, locales et nationales.
La ville de Saint-Martin d’Hères a malheureusement beaucoup trop négligé ses relations avec l’université, alors qu’elle est à la fois un gros pourvoyeur d’emplois locaux, et une opportunité de mixité sociale, qui manque trop à notre ville.

Depuis que je suis étudiant, j’ai cherché les liens qui étaient établis entrele campus et la ville, mais ils sont extrêmement ténus : seule la MJC Péri avec son club d’astronomie et à quelques occasions des animations scientifiques faisait exception. C’est bien peu pour une ville de près de 40000 habitants, et un domaine universitaire de cette importance.

Ce site Neyrpic est l’outil rêvé pour reconnecter la ville avec l’université, et au-delà de la ville, la métropole, car le campus est évidemment un lieu d’envergure métropolitaine.
Dans cette optique, il me semble que faire de ce lieu un centre commercial classique serait vraiment gâcher une opportunité, à la fois sur le plan du foncier et sur le plan symbolique de l’essor de Saint Martin d’Hères.

De très nombreuses activités péri-universitaires seraient envisageables sur le site, j’aimerais en citer quelques-unes.

1) une résidence universitaire et intergénérationnelle
Les résidences intergénérationnelles commencent à prendre de l’ampleur, ce sont des dispositifs sociaux très  intéressants car ils permettent également de mixer les populations : des personnes âgées faiblement dépendantes, avec des jeunes s’engageant à des horaires réguliers de petits services à la personne, contre un loyer très modéré. Ce sont souvent des établissements subventionnés ou gérés par le Département.
A Grenoble, l’association DiGi promeut ce mode d’habitation solidaire.
Le site Neyrpic permettrait d’établir une résidence de ce type, mixant trois publics :
– des personnes âgées ;
– des jeunes étudiants sur le campus ;
– des jeunes martinérois, non étudiants (jeunes travailleurs ou en recherche d’emploi…).
Ce serait l’occasion de favoriser une double mixité, à la fois sur l’âge, et sur les classes sociales et culturelles.

2) des salles et amphithéâtres hybrides
Le campus manque de salles et d’amphithéâtres de cours, mais on observe aussi que la plupart des bâtiments sont vides en soirée et le Week-end.
À cet emplacement, on peut imaginer des salles de toutes tailles, servant de salles d’enseignement en journée, et de salles de réunion ou de spectacle hors temps universitaire.
Cela permettrait une optimisation de l’espace public, et sans doute un partenariat entre l’université et les collectivités (ville et métropole).
Cela pourrait s’appliquer à toutes sortes de salle, de salles de réunion / Travaux dirigés type 20 places à des amphithéâtres convertibles en salles de spectacle.

3) des incubateurs et lieux de valorisation de la recherche
L’université a plusieurs structures consacrées à la valorisation de sa recherche, qui sont éparpillées en ville. D’un autre côté, de nombreuses jeunes entreprises innovantes (typées « haute technologie » ou pas) sont à la recherche de lieux pour s’implanter. Inovallée est un exemple en expansion, mais on pourrait trouver sur Neyrpic ce même type d’équipement, à la fois pour des très petites sociétés en cours d’implantation et pour des entreprises un peu plus développées, mais toujours porteuses de collaborations universitaires.
Là encore, le lieu paraît idéal, car les réunions physiques avec les chercheurs du campus seraient largement facilitées.

4) des lieux de culture scientifique (Métropolitains ?)
Des lieux de culture scientifique seraient également idéalement hébergés à cet endroit, que ce soit :
– des initiatives universitaires de vulgarisation, de type expositions, fab-lab, etc.
– ou des locaux destinés à des associations de ce type (astronomes amateurs, naturalistes, informaticiens, roboticiens, mais aussi apprenants en langues, etc.)

Je pense qu’il y a encore bien d’autres projets à développer dans l’optique d’un partenariat entre la ville, la métropole et le campus.
Je m’interroge sur le fait que cet axe n’ait apparemment pas été creusé dans l’élaboration du projet, ou très marginalement et seulement pour traiter le campus comme une simple « zone de chalandise » importante, sans exploiter la richesse toute particulière qu’il offre.