Monsieur le commissaire enquêteur,
Nous sommes une famille installée à Saint-Martin d’Hères depuis quelques années. Nos enfants (deux collégiens) et nous sommes usagers de la
piscine municipale, du réseau des bibliothèques, de l’école de musique, mais aussi clients des commerçants du quartier : boulangeries, boucherie, épiceries, cavistes… (nous achetions parfois quelques fleurs quand il y avait encore un fleuriste sur l’avenue Ambroise Croizat).
Nous nous exprimons ici en tant que martinérois, soucieux de l’amélioration de notre cadre de vie (pour nous, nos voisins, notre quartier…), mais également en tant que citoyens, soucieux d’un monde plus économe, plus respectueux de l’environnement.
Nous ne saurions comparer ce projet avec les échecs des autres centres commerciaux déjà existants dans l’agglomération ou d’autres villes en
dehors du département : d’autres le font mieux que nous. Nous sommes cependant très sceptiques quant à sa viabilité, ne serait-ce que commerciale, à l’heure où l’e-commerce et la livraison à domicile se développent dans le quotidien des consommateurs.
Nous ne comprenons pas l’utilité d’un tel projet, ni à qui il s’adresse : nous constatons déjà aujourd’hui le nombre de commerces fermés sur l’avenue Ambroise Croizat et le nombre de boutiques fermées dans l’actuel Centre Commercial. En outre, pour nous, ce projet ne sera
que pollution, engorgement du trafic, nuisances sonores et lumineuses.
Nous ne nous sentons pas concernés par l’offre du projet Neyrpic. Nous ne sommes pas intéressés par la surenchère de l’offre de consommation,
et ne sommes pas dupes de l’enjeu financier que cela représente pour quelques promoteurs et grandes enseignes. La communication autour de ce
projet est à ce titre significative : elle vend un rêve d’un centre ville (mais commercial), ludique et moderne (une grande roue dans des
allées aérées et arborées…) mais à contre-courant des enjeux contemporains.
Le mode de vie que nous avons choisi nous conduit à nous déplacer le plus possible en vélo dans toute l’agglomération, consommer localement
et sans emballage (les commerçants nous connaissent : nous venons avec nos sachets et nos boites réutilisables… quelle grande enseigne ou
grande surface permettra cela ?).
Nous souhaiterions plutôt que la ville s’investisse dans d’autres projets :
- une incitation politique favorisant la diversité de commerçants et des métiers de bouche (voir l’exemple de la ville de Gières voisine, où nous pouvons trouver fromages, produits italiens…),
- une place de ville sur laquelle se déplaceraient des producteurs locaux, dans le cadre d’un vrai marché
- davantage de pistes cyclables, notamment sur l’avenue Ambroise Croizat qui reste encofre le terrain de jeux de véhicules bien trop rapides !
- une école de musique digne de ce nom, avec des salles de cours adaptées, dans un bâtiment aux normes environnementales et thermiques, et un petit auditorium pour les auditions et concerts d’élèves ou professeurs,
Nous sommes donc particulièrement défavorables au projet Neyrpic que nous pensons démesuré et en totale contradiction avec les problématiques
qui devraient être, pour nous, au cœur des projets de la ville de Saint-Martin d’Hères : améliorer le cadre de vie et les services municipaux, favoriser les circuits courts dans la distribution, favoriser les modes de déplacement alternatifs et lutter contre le réchauffement climatique…
Enfin, nous pensons qu’étant donnée la localisation du site Neyrpic, d’autres possibilités sont envisageables : des services aux habitants (municipaux ou autres), ou des synergies avec le campus universitaire en termes d’innovation, d’hébergement d’étudiants et d’entreprises
(notamment celles portées par des étudiants ayant besoin d’espace de partage – pépinière d’entreprise) semblent plus pertinentes.
Nous espérons vivement que vous prendrez en compte notre avis et celui de nombreux martinérois.