Le collectif Neyrpic autrement fait parler de lui à l’occasion de « l’Université d’été solidaire et rebelle »
FOCUS – Opposé à la construction du centre commercial Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères, le collectif anti-Neyrpic ne pouvait pas rater l’atelier sur « les grands projets inutiles » organisé dans le cadre de l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements citoyens et sociaux, qui se tient du 22 au 26 août. En marge de l’événement, le collectif avait aussi lancé, ce vendredi, un appel à ses sympathisants pour se rassembler sur l’ancien site industriel, point de chute du projet Neyrpic.
Le collectif anti-Neyrpic interviewé par une journaliste de Médiapart, en marge de l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens, vendredi 24 août 2018. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Ce vendredi 24 août, le collectif Neyrpic autrement avait convié ses membres et sympathisants à venir nombreux sur l’ancien site industriel de la commune de Saint-Martin-d’Hères destiné à accueillir un centre commercial de 50 000 m2 à horizon 2020.
L’idée ? Profiter de la caisse de résonance de l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements citoyens et sociaux, qui se tient du 22 au 26 août, de surcroît tout à côté sur le campus de Saint-Martin-d’Hères… La veille, le collectif anti-Neyrpic avait par ailleurs suivi avec intérêt l’atelier « Stop aux grands projets inutiles, bien vivre dans un monde soutenable ».
Petite déception toutefois pour le collectif, ce vendredi… Alors que les ateliers, forums etc. de l’Université étaient bondés, il n’y avait pas foule au rassemblement du collectif, en dehors de la présence des habituels porte-parole du mouvement. Ces derniers ont toutefois apprécié de pouvoir répondre aux questions d’une journaliste de Médiapart.
« Nous sommes pour un autre projet de cœur de ville »
« Le projet de centre commercial Neyrpic est un grand projet inutile, ont réaffirmé ce vendredi, les membres du collectif. Il est à rapprocher d’Europacity, de Bure, de Sivens, du gazoduc en Occitanie. Nous ne sommes pas les seuls à nous opposer à un projet d’un autre temps. »
Neyrpic, un autre « grand projet inutile »? Le collectif anti-Neyrpic rassemblé en marge de l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens, vendredi 24 août 2018. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
De quel autre temps s’agit-il ? « De celui où les ressources étaient sans limite », lance Anne-Marie Louvet, également militante d’Alternatiba.
L’agglomération grenobloise n’a pas besoin d’un nouveau temple de la consommation, maintient le collectif Neyrpic autrement. Qui plus est, « seuls un privé et des commerces franchisés vont tirer profit de ce projet, au détriment du petit commerce existant », soutient Anne-Marie Louvet.
Maître d’œuvre du projet, la mairie communiste de Saint-Martin-d’Hères défend une tout autre approche du projet, demeurant persuadée que cet équipement est de nature à créer un véritable cœur de ville attractif. « Nous ne sommes pas contre un projet de cœur de ville, mais pour un autre projet de cœur de ville ! », tient une nouvelle fois à réaffirmer Élisabeth Letz, l’une des porte-parole du collectif.
Denise Faivre, conseillère municipale dans l’opposition à Saint-Martin-d’Hères, renchérit : « Nous avons proposé de nombreuses alternatives pour occuper cet espace. Mais il y a eu un tel déni de démocratie de la part de la mairie… » Une version démentie par la municipalité de Saint-Martin-d’Hères… « On a manipulé les gens puisqu’on ne leur a rien proposé d’autre ! », rétorque Élisabeth Letz.
Trois recours contre le projet Neyrpic
Après avoir échoué dans l’entreprise visant à convaincre la mairie de faire évoluer son projet, le collectif poursuit désormais la lutte devant les tribunaux. Pas moins de trois recours susceptibles de fragiliser Neyrpic ont ainsi été déposés. Le premier s’attaque à la délibération votée par la Métropole grenobloise qui a entériné le déclassement d’un morceau de voirie pour les besoins du projet. Le problème ? « Ce faisant, la Métropole a bradé un espace public à un promoteur privé », justifie Élisabeth Letz.
Mobilisation vendredi 6 avril 2018 de militants contre le projet de centre commercial Neyrpic de Saint-Martin-d’Hères. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
À l’initiative de trois élus écologistes – Hakim Sabri, conseiller métropolitain et adjoint aux finances à la Ville de Grenoble, Pierre Bejjaji, adjoint au maire d’Eybens, et Denise Faivre, élue dans l’opposition à Saint-Martin-d’Hères –, le deuxième recours s’attaque au protocole d’accord commercial signé entre la Métropole de Grenoble et Apsys, au motif que le document n’a aucune valeur juridique.
Enfin, le permis de construire fait l’objet d’un recours porté par un groupe de citoyens, pour non-conformité au Scot, défaut d’études d’impacts sur la circulation, sur la santé, etc.
Grand’place et les Portes de Vercors… sous surveillance
Neyrpic n’est pas le seul « projet inutile » aux yeux des militants du Réseau citoyen et d’Alternatiba, deux organisations qui font partie du collectif anti-Neyrpic.
Illustration du projet d’extension, de rénovation et de requalification du centre commercial Grand’place situé sur Échirolles et Grenoble. Début des travaux en 2020. © L35 et C. Pedrotti
Dans une moindre mesure, le projet de rénovation de Grand’Place sur sa partie commerciale, apparaît lui aussi superfétatoire.
Béatrice Bonacchi, du réseau Citoyen, s’étonne que 4 000 m2 de superficie de vente aient été accordés à Grand’Place par les élus « alors que le départ de Conforama libère déjà 7 000 m2». Et de ne pas comprendre que « les élus des communes de la Métropole en soient encore à défendre des pouvoirs personnels, alors que seul l’intérêt collectif devrait prévaloir ».
Sur la liste des projets inutiles dans le viseur des militants, il y a aussi le futur pôle commercial de la Zac Portes du Vercors : un « écoterritoire mixte » selon la Métropole grenobloise de 100 ha de foncier à remodeler, 34 ha pour commencer, sur les communes de Fontaine et Sassenage. Particularités qui braquent les militants ? Une partie des terres sont en zone inondable, et des espaces toujours cultivés.
Séverine Cattiaux